Madutsa, a magic school
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 Salvation

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MessageSujet: Salvation   Salvation Icon_minitimeLun 20 Juil - 15:59

Salvation

Prologue


Un brouhaha de voix s'élève dans le grand hall d'un cinéma de quartier. La foule attend en file indienne pour acheter son billet. Quel film vont voir tous ces gens?

- Aaah il parait que ce film est vraiment plate!

- Bah il ne faut pas écouter ce qu'on te dit! Si on écoutait les racontards on irait nulle part.

- Attends, un barbier tueur, tu t'attends à quoi au juste?

- A rien en particulier, je dis qu'il ne faut jamais prêter l'oreille aux racontards c'est tout. Chacun se forge sa propre opinion.

- Ermm... oui. Je suis d'accord sur le principe, mais tout de même. Pas vrai Lisa?

Un coup de coude dans le côté me rappella à la réalité.

- Hein? Quoi? J'ai pas compris la question.

- Toi tu étais encore en train de rêver!

- On te demandait de nous dire à quoi tu t'attends avec ce film.

- Quel film?

- Celui qu'on s'apprête à aller voir! Là, maintenant... tout de suite!

- Aah...

Nous arrivons enfin à la billeterie où l'hôtesse nous accueille avec un énorme sourire... ce qui me donna des frisons dans le dos.

- Bonjour.

- Hmm... bonjour. Trois places pour Sweeney Todd s'il vous plait.

- Bien. Trèèèès bon choix.

Je reste là à la fixer, les sourcils froncés et je me dis que... si ça n'est pas mettre les gens dans l'ambiance, je ne m'y connais pas. Elle est pour le moins zarbie. Ce n'est pas tant qu'elle a un look étrange, son apparence est ce qu'on pourrait qualifier de... quelconque, mais quelque chose dans son attitude, ses gestes et son regard me donnent envie de partir. Et en vitesse.

Elle nous tend enfin nos billet et nous indique la salle, l'énorme sourire toujours en place.

- Troisième salle à gauche. Bon film.

Bon film... Mes amies et moi lui sourions rapidement en retour.

- Euh... merci.

Puis je leur murmura...

- Filons d'ici. Elle me fait peur

Ni une ni deux, nous nous dirigeons vers l'endroit si gentiment indiqué en jetant des regards en arrière comme pour vérifier qu'elle ne nous suit pas... brrr lugubre. Et je ne vous parle même pas du couloir qui mène à la salle obscure. Tout le début est éclairé par des lampions qui se font de plus en plus rare, jusqu'à nous laisser dans la pénombre totale, à mesure qu'on avance vers la... la p... y a-t-il seulement une porte ici?

BONK!!

-Aoooouuch!!

Ah en effet, y en avait une.

- Ca va Sab'ee? Tu t'es pas fait trop mal?

Elle se met soudainement à rire comme une folle, et Karine prend sa suite en éclatant à son tour.

- Muahaha! Ca c'était de la cascade!

Je lève les yeux au ciel et ouvre la porte au son des rires presque hystériques de mes deux copines, et je suis tout à coup éblouie, rendue aveugle. Aaargh! Toute cette lumière d'un coup après cette pénombre!! Quelle bande de sadiques! Je cligne des yeux plusieurs fois et quand enfin mes pupilles ont repris leur taille normale, mes yeux tombent sur la seule personne présente dans la pièce. Un homme à l'épaisse chevelure d'un noir de jai barrée d'une large mèche blanche. D'un certain âge déjà. Assis tout seul, sur le siège du milieu de la troisième rangée en partant de l'écran. Il ne bouge absolument pas, et reste silencieux, muet comme une tombe. De dos, il me fait un peu penser au personnage principal du film d'ailleurs...

- Pff! Mais qu'est-ce que je raconte moi? C'est stupide!

Je fais signe aux deux filles de me suivre jusqu'à la rangée du haut afin de prendre place quand Sab'ee qui a aperçu le gars elle aussi, suggère que nous allions nous assoir à ses côtés.

- Ben quoi? Il ne va quand même pas nous manger!

Elle se remet alors à rire comme une folle... et je la regarde un sourcil relevé comme s'il lui était poussé une deuxième tête subitement. Je lève les yeux au ciel (encore) et me tourne à nouveau en direction du gars qui, tout à coup, lentement, très lentement, se met à chanter.

- There was a barber and his wife
And she was beautiful...
A foolish barber and his wife
She was his reason and his life
And she was beautiful...
And she was vertuous...
And he was... naive...


Je continue de fixer l'arrière de son crane, après qu'il ait fini... interdite... et intriguée par les paroles et par la voix du bonhomme. Mon dieu, mais d'où sort-il celui là? C'est à ce moment que j'entends une voix me murmurer à l'oreille...

- Qu'est-ce que c'est ses paroles? C'est qui ce type?

Je lève les yeux au ciel pour la troisième fois en cinq minutes et me tourne vers la voix qui n'est autre que celle de Sab'ee

- Je n'en sais rien, Sab'ee Ce n'est pas comme si je l'avais déjà croisé.

Puis me tournant à nouveau vers l'étrange homme, je me mets à murmurer...

- Mais ce que je sais... c'est que ça m'intrigue...

A ces mots, un peu comme s'il m'avait entendu, l'inconnu bouge pour la première fois et lentement, très lentement je vois sa tête et son buste pivoter dans notre direction... Légèrement effrayée je commence à reculer vers la rangée du haut, lorsque son regard plonge dans le mien. Et mon sang ne fait qu'un tour. Avant de se glacer complètement. Brrr... lugubre.
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeMer 23 Sep - 22:29

Chapitre 1


Je manque de tomber sur l'arrière-train en tentant de m'assoir sur le premier siège qui se présente, le gars me fixant toujours de ses yeux sombres et cernés, qui ressortent d'une façon plus que glauque sur ce teint pour le moins blafard qui est le sien, et dans lesquels on peut lire une grande souffrance, une grande haine et une détermination à tout rompre. Pas une trace de douceur ou de compassion, ni même, oserais-je le dire? ... la moindre trace d'humanité. Cet homme ressemble à un animal qu'on a battu, à mort... et qui ne cherche désormais qu'une chose : mordre. Mordre pour faire souffrir, et peut-être même... pour assouvir sa faim dévorante.

Je me mets à trembloter et décide de détourner le regard pour le poser sur mes deux amies qui elles aussi ont pris le parti de s'assoir, à mes côtés, en tremblant de tous leurs membres.

- Il ne va quand même pas nous manger... hein?

- Ouais ben... je crois que j'aurais mieux fait de me taire.

- Non, c'est maintenant que tu devrais le faire.

Sur ces paroles de Sab'ee, tout le monde se tait et se met à fixer l'écran. Euh... le film commence dans longtemps ou pas?

Atteinte soudain de masochisme aigu... ou peut-être simplement par curiosité, ou encore par crainte... peut-être même les trois en même temps, je dirige à nouveau mon regard vers le bonhomme qui s'est détourné de nous et qui est redevenu silencieux et immobile. Je pousse alors un profond soupir de soulagement... fiou! On l'a échappé belle là. Je recommence progressivement à me détendre et à sourire...

- Eh ben, c'est quand même une drôle d'aventure tout ç...

... quand le gars se lève brusquement de toute sa hauteur. Le seul bruit qu'on entend alors à cet instant est le bruit de la boule d'angoisse que j'avais dans la gorge et que je viens d'avaler difficilement. Glurpse. Pourquoi... pourquoi il s'est levé là?

Et à ce moment là, je remarque que ce que je m'étais stupidement imaginé en pénétrant dans la salle se confirme. Il porte bien des vêtements depuis longtemps passés de mode et qui font très "19e siècle"... enfin d'après moi et le peu que j'en connaisse... en tout cas, il ne porte absolument aucune couleur, que du noir et du gris... et c'est le portrait craché du personnage du film. Je dois être en train de faire un cauchemar, c'est ça je suis en train de faire un cauchemar et je vais me réveiller sous peu, patience.

Je ferme alors les yeux puis les rouvre de façon répétée. Mais rien ne change. Je suis toujours dans la même salle obscure pour l'instant éclairée... avec ces sièges ronds et d'un rouge vif qui reflètent la lumière des lampions de façon outrancière. Vu d'ici on dirait même des globules rouges...

- Eurk! Je me mets à penser de drôles de trucs moi!

... des globules qui contrastent avec l'inconnu, maintenant presque reconnu, qui se tient toujours là, debout, non loin de nous trois. Il est d'ailleurs redevenu silencieux et immobile. Comme s'il attendait quelque parole déplacée (ou "bien placée"?) de notre part. Mais manque de bol, cette fois je crois qu'aucune d'entre nous n'a envie d'en placer une.

On se regarde alors toutes les trois, Varka, Sab'ee et moi, lentement, pour éviter d'attirer l'attention du gars que je revois soudain du coin de l'oeil bouger doucement. Presque avec grâce. Il porte la main à son côté... et là j'ai vraiment très peur. Je me replie dans le fond de mon siège en espérant pouvoir m'y enfoncer, mes copines en font de même, et je me surprends à scruter la porte... et même à la supplier de s'ouvrir. Comment se lever et partir en courant quand on est pétrifiée sur place?

Je me remets à trembler et à fixer le bonhomme intensément histoire de ne pas me mettre à pleurer. Je sais c'est un peu exagéré, c'est vrai, qu'est-ce qu'il va nous faire hein? On ne sait pas encore, peut-être bien qu'il va quitter la pièce sans même nous avoir jeté un dernier regard. Et là j'avoue que... je suis loin d'en être convaincue. D'ailleurs, Sab'ee et Varka ont l'air de mon avis, et, ne pouvant se retenir plus longtemps, elles éclatent soudain en sanglots nerveux.

- Ca suffit les filles! Reprenez-vous! Arrêtez ça bon sang!

Mais il est trop tard. L'homme étrange les a entendues et s'est tourné vers nous en se remettant à nous observer attentivement, comme un prédateur scrute sa proie.

- Et... merde.

Comme en écho, j'entends soudain l'homme murmurer à mesure qu'un scintillement me parvient de sa main droite...

- ... confite.

Je ne comprends pas vraiment ce qu'il dit et reste concentrée sur le scintillement. Qu'est-ce que c'est que ce truc qui brille là dans sa main? Mais je n'ai pas le temps de me poser la question plus avant que le bonhomme se dirige tout à coup vers nous d'un pas assuré, tenant bien en évidence à côté de lui ce qui m'apparait soudain comme étant...

- Un rasoir.

J'avale alors à nouveau ma salive au son des gémissements de terreur des deux filles assises à côté de moi et... comme un sursaut de mon instinct de survie je tente d'attraper chacune de mes amies par la main et m'apprête à m'élancer vers la porte... quand je suis stoppée dans ma course par le gars lui même se dressant tout à coup face à moi, avant que j'ai eue le temps de parcourir seulement deux mètres. Je lache alors la main des mes deux copines et recule lentement... sous le regard noir du bonhomme qui brandit sa lame immaculée et l'agite lentement, près de son visage... et je ne peux retenir une nouvelle descente de salive le long de mon gosier asséché.

Pétrifiée sur place, je continue de le fixer droit dans les yeux, des yeux toujours aussi sombres et presque sans vie... et je me surprends à froncer les sourcils au moment où je le vois sourire lentement, de façon on ne peut plus glauque en continuant d'agiter sa lame, un flash furtif de contradiction m'étant parvenu du fond de ses prunelles. Qu'est-ce que...

- Un p'tit coup de rasoir?

J'ouvre grand la bouche et mon coeur s'accélère en comprenant instantanément le sens de sa question. Je suis alors tentée de répondre "non merci" quand au son des cris horribles de Varka et Sab'ee je le vois qui lève le bras droit et le rabbat brusquement sur ma gorge dans une grimace démoniaque.

Je pousse un cri étouffé et la dernière image que j'ai avant de sombrer est celle de son visage blafard maculé de sang... mon sang...
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeMer 23 Sep - 22:51

Chapitre 2


L'impression horrible et douloureusement atroce de me vider de mon sang ne dure que quelques secondes. Les "glouglou" de l'hémoglobine qui s'échappe des artères de mon cou cessent bien vite, et au lieu de mourir... je me sens tout à coup basculer dans le vide à une vitesse incroyable.

- Aaaaaaaaaaahhhh!!!!!

Je hurle de tout l'air que contiennent encore mes poumons et ferme les yeux pour ne pas voir arriver l'inéluctable. Je vais m'écraser au sol dans quelques instants et je n'ai aucun moyen de freiner ma chute!!! Sentant une odeur nauséabonde se rapprocher, j'ouvre un oeil et m'aperçois que le sol n'est plus qu'à une dizaine de mètres de là...

BLAM!!

- Oooouuuuchh!!

Je viens d'aterrir en catastrophe la tête la première sur le sol pavé, dur, froid et boueux, dans un craquement d'os strident et une giclée de sang émanant de ma bouche et de mon nez... et je suis encore en vie. Comment j'ai fait ça moi?

Je tente de me tourner pour me positionner sur mon dos, mais je suis incapable de bouger, j'ai la sensation d'être brisée en une infinité de petits morceaux, tous plus douloureux les uns que les autres. Je me mets à gémir de façon plaintive quand une odeur encore plus nauséabonde que celle du sol contre lequel je viens d'être plaquée si violemment me parvient... une odeur que je n'avais encore jamais reniflée de toute ma courte vie, un truc que même la puanteur des égouts à côté pourrait servir de parfum à une eau de cologne. Je fronce le nez et tente de me boucher les narines pour éviter de vomir... mais j'échoue lamentablement, et rends, sur le pavé juste sous moi.

- Beurk! Merci...

Je roule difficilement sur le côté pour ne pas me vautrer dans mon vomis, et j'ai l'impression qu'on est en train de me passer à la moulinette. Comment puis-je encore être vivante après ça? Je me positionne alors sur le dos et me mets à scruter le ciel. C'est la nuit, les étoiles devraient être allumées mais... quelque chose les empêche de briller on dirait, comme si d'épais nuages les recouvraient, filtrant leur lumière. Pourtant je ne vois aucun nuage... sauf un léger film d'une fumée grisâtre qui passe grossièrement au dessus de moi tout à coup, et je me rends compte que c'est cette même fumée qui apporte son lot d'odeurs putrides. Je plisse le nez une fois encore et retiens ma respiration, et intriguée, je tourne la tête sur le côté me demandant d'où ça peut bien venir... au moment où un énorme rat passe à côté de moi en couinant de façon dramatique. Oubliant ma douleur, je recule précipitamment et me lève d'un bond en criant.

- Argh! Boua, mon dieu!! Un rat!!!

Une fois la peur passée avec la bestiole, je me surprends à gémir plaintivement à nouveau. Argh! J'ai la sensation de m'être fracturé une dizaine de côtes dans ma chute! Je jette un oeil autour de moi en grimaçant et je prends enfin conscience de mon environnement et des choses qui m'entourent. Une ruelle pavée, des maisons noircies par le temps, ou peut-être par autre chose d'ailleurs... une arche juste face à moi, avec d'autres maisons noires et d'autres ruelles pavées de l'autre côté... de l'eau s'écoule lentement à mes pieds, et va se perdre dans les égouts, et j'en distingue des reflets rouge-sang dans cette demi-pénombre...

- Des reflets rouge-sang?

Brrr... lugubre. Me tenant les côtés je tente de mettre un pied devant l'autre et de pénétrer sous l'arche, à la recherche de... je ne sais même pas ce que je cherche en fait.

- Savoir où je suis déjà...

... et comment j'y suis arrivée par exemple. Je m'essuie le visage d'un revers de la manche, le sang qui coule de mon nez et de ma bouche commençant à me gêner quelque peu, et continue d'avancer doucement, un tremblotement nerveux ayant décidé de faire son apparition dans mes membres.

- J'ai froid...

En réalité, j'ai plus peur que froid, mais le courage ne viendra pas si je m'avoue vaincue. Alors je poursuis ma route vers l'autre côté en serrant les poings, parée à toute éventualité, quand soudain, sans prévenir, une main importune vient se poser sur mon épaule. Je sursaute et me tourne brusquement en poussant un petit cri d'effroi.

- Bonsoir.

Me susurre la voix dont je peine à entrevoir le visage dans cette quasi-obscurité. Mais il ne m'est pas nécessaire de voir qui se cache derrière cette voix rauque et dure pour savoir qu'il ne fait pas bon rester là et que mieux vaut prendre mes jambes à mon cou et décoller. Et en vitesse. Je recule alors précipitamment en continuant de fixer l'étranger, même si je ne le vois pas, puis me tourne et m'enfuis en courant, aussi vite que je le peux. Je lance des regards en arrière pour m'assurer qu'il ne me suit pas, et je ne m'aperçois pas que je fonce droit dans les bras d'un autre badeau qui passe dans le coin. Je sursaute à nouveau à mesure qu'il m'attrape par les épaules et m'oblige à le regarder droit dans les yeux.

- Où tu cours comme ça?

Des yeux d'un rouge vif, et à la lueur glauque, qui me font hurler tout à coup...

- Aaaaahhhh!!!!

... et me débattre pour me dégager de son étreinte et reprendre ma course folle vers je ne sais où. Je continue de courir comme une dératée en poussant au passage d'autres petits hurlement à mesure que des ombres qui se faufilent dans les coins sortent de leur cachette pour tenter de m'attraper au vol. Je suis de plus en plus essoufflée, je trébuche et manque de tomber à chaque nouveau pavé qui jaillit un peu bizarrement du sol et mon coeur bat à tout rompre. Si je continue comme ça, je ne vais pas tenir bien longtemps. Mais je suis terrifiée! Je suis complètement perdue et la folie menace de s'emparer de moi... quand un bras parvient à m'arrêter et à me plaquer contre le mur, dans un autre cri de ma part.

Haletante, je relève la tête vers l'inconnu et je parviens cette fois à distinguer le visage du bonhomme dans l'éclairage de la lune qui brille juste au dessus de nous. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder dans ma contemplation de l'étranger qu'ayant à peine pu discerner ses yeux, des yeux bleus à ce qu'il semble... je m'évanouis, complètement épuisée, sans même prendre le temps de me demander si c'est une bonne idée... ou pas.
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeMer 23 Sep - 23:28

Chapitre 3


Je suis dans une rue complètement sombre dont les deux côtés sont obstrués par des ombres qui rampent vers moi, toujours plus près... j'ai peur, je ne sais pas du tout comment, ni même si je vais m'en sortir... Je recule alors contre le mur et j'ai du mal à respirer, la claustrophobie s'emparant de moi, des sanglots commencent à se former dans ma gorge...

Quand tout à coup j'entends une voix chanter doucement, d'abord lointaine puis de plus en plus proche...

"I have sailed the world,
Beheld its wonders
From the dardinelles,
To the mountains of Peru,
But there's no place like London!"


... et siffloter. C'est la voix d'un homme, d'un homme très jeune, un marin apparemment. Etonnée, j'ouvre progressivement les paupières, les ombres de mon rêve disparaissant, aveuglées par la lumière, et le temps de m'accoutumer à l'éclairage de la pièce, j'aperçois en effet, non loin de moi, un jeune homme avec de longs cheveux blonds et qui doit avoir une vingtaine d'années tout juste. Il est en train de repriser ce qui me semble être une veste rapiécée. Je me redresse et m'assois sur le lit, puis je jette un oeil autour de moi : je suis dans une chambre... ou plutôt... une cabine?

Je toussote, ma gorge sèche et craquelée d'avoir trop hurlé la nuit dernière, et le jeune inconnu se tourne enfin vers moi.

- Bien le bonjour mademoiselle.

Hein? Encore toute endolorie par ma chute vertigineuse et autres petites mésaventures, j'écarquille les yeux et me mets à le fixer de façon hébétée. Voyant ça, il se lève, attrape un verre qu'il remplit à l'aide d'un pichet d'eau et s'avance lentement vers moi, en me tendant le petit récipient.

- Est-ce que ça va mieux?

Je hoche doucement la tête en grimaçant et d'une main tremblante, j'attrape le liquide, le remercie, puis bois lentement, savourant le velours de la potion glissant le long de mon gosier abimé... Une fois le verre d'eau vidé, je pousse un léger soupir de contentement et entreprends de me renseigner sur le où et le comment.

- Hmm... Où est-ce que je suis?

- A bord du Bountiful, à quai sur la rive gauche de la Tamise, dans la magnifique Londres.

Je reste là à le fixer un sourcil relevé, de façon presque interrogative, et tente de remettre de l'ordre dans mes idées. Londres? Mais comment je suis arrivée jusqu'ici moi?

- Et, qui êtes-vous?

- Je m'appelle Anthony Hope, je suis matelot sur ce navire.

- Oooh, heum, enchantée...

Il me sourit timidement et je vois qu'une question le titille... question qu'il n'a pas l'air de savoir comment formuler correctement.

- Et... vous... comment vous appelez-vous?

Je lui souris en retour, amusée par son attitude un poil effarouchée, et lui réponds.

- Lisa Ann.

Il me lance alors aussitôt un regard interrogateur et je me hâte de préciser.

"Lisa ou Lily tout court, ça suffira, pas de "mademoiselle", je déteste ça...

Puis j'ajoute tout bas, comme une confidence...

- ... j'ai l'impression d'être une vieille fille.

Il rit doucement et je me dis que c'est une bonne nouvelle. Il n'a pas l'air d'un psychopathe, ni d'un dangereux criminel, et... Je soulève discrètement la couverture et regarde dessous... A cette vue, je souris, lentement : il m'a laissé mes vêtements. Je pousse un soupir de soulagement et entreprends de le remercier.

- Merci de m'avoir sauvé la vie, hier soir... enfin je crois que c'était hier soir... sans vous qui sait où je serais à l'heure qu'il est.

- De rien, c'était tout naturel, vous sembliez affolée et perdue, je n'allais pas fermer les yeux et passer mon chemin.

Il fait une pause, un peu comme s'il réfléchissait... puis reprend d'un air intrigué.

- Que faisiez-vous seule à cet endroit d'ailleurs? C'est quand même dangereux pour une demoiselle de se balader la nuit dans les environs de Fleet Street.

Hein? Qu'est-ce que... quoi... les environs de...? J'ai l'impression d'avoir mal entendu là... J'écarquille les yeux puis ouvre et ferme la bouche de façon répétée, comme un poisson hors de l'eau.

- Que... quelle rue vous dites?

Il fronce les sourcils et me regarde d'un drôle d'air, se demandant d'où je viens.

- Fleet Street... Vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas?

- N-non... je viens de loin...

Je suis complètement abasourdie... Fleet Street...? Bon dieu! Je suis vraiment bien tombée là. D'un coup l'image de ce visage blafard maculé de sang me revient en tête et je frissonne de terreur. Ne me dites pas que je n'ai pas rêvé... L'angoisse grandissant en moi, je prends le parti d'en savoir un peu plus.

- P-pourquoi vous dites que... c'est dangereux de s'y balader la nuit?

- On dit que c'est hanté. Enfin... on m'a dit que c'était hanté. Une certaine madame Lovett. Elle tient une boutique dans cette rue. Elle y vend des tourtes.

Ma machoire du bas semble soudain s'être décrochée, et j'ai la sensation que je ne vais pas tarder à défaillir. L'information est beaucoup trop énorme à encaisser. Pourtant je continue de lui poser des questions.

- Hanté? Comment ça?

- Il y a quelques années un barbier et sa femme vivaient avec leur enfant juste au dessus de sa boutique et... quelque chose de terrible s'est produit. Un drame qui a fait courir cette rumeur. J'ai rencontré ce fameux barbier il y a peu. En fait, je l'ai secouru alors qu'il était perdu en plein océan. Il m'a lui aussi parlé de fantômes... mais je n'ai pas vraiment compris ce qu'il voulait dire par là."

Je reste là à le fixer la bouche grande ouverte comme si je ne savais plus comment on fait pour respirer... je me sens vraiment très mal tout à coup, il ne manquerait plus qu'il me dise que ce barbier s'appelle...

- Todd. Son nom est Sweeney Todd.

Glurpse.
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeMer 23 Sep - 23:58

Chapitre 4


Mon regard se perd dans le vide et je reste là, immobile et bouche bée, incapable de prononcer le moindre mot, ni même d'émettre le moindre petit son, me rappelant la douleur du coup de rasoir de la veille... enfin je crois que c'était la veille... à mesure que je sens l'angoisse monter en moi d'un coup. Je suis tellement perdue dans ma trouille monstrueuse que je n'entends pas tout de suite Anthony enchainer...

- Je dois d'ailleurs retourner le voir maintenant pour lui parler d'un truc important... et je préfèrerais que vous m'accompagnez. Je ne pense pas que rester seule ici soit une bonne idée, les autres membres de l'équipage ne sont pas au courant de votre présence et je n'aimerais pas que vous ayez des ennuis.

Sa voix me parvenant tout à coup je secoue la tête et sors de ma transe.

- Je... vous disiez ? Je n'ai pas entendu... j'étais... ailleurs.

Il me lance alors un regard inquiet et vient s'assoir à mes côtés sur le lit, puis se met à me fixer comme s'il m'examinait.

- Vous êtes sûre que tout va bien?

Je fronce les sourcils et lui réponds.

- Oui... oui je suis sûre. C'est juste que... ce que vous venez de dire m'a...

Et sur ce je décide de mentir un peu, parce que je ne pense pas que la vérité soit appropriée ici, il ne comprendrait plus rien le pauvre.

- ... enfin, je veux dire que... j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ce nom quelque part... alors, je réfléchissais à... où ai-je bien pu l'entendre.

J'ajoute alors à mon mini speech un sourire qui se veut convaincu et convaincant... mais qui échoue en partie... sur le convaincu.

- Mais vous me disiez quelque chose d'important il me semble... non? Pardonnez-moi, je suis vraiment distraite.

- Non, ce n'est rien, ne vous en faites pas.

Sur ces mots, il se lève et reprend.

- Je disais juste que je dois aller voir monsieur Todd pour une certaine affaire et je préfère que vous veniez avec moi...

Il s'apprête alors à continuer quand je l'interromps d'une façon on ne peut plus déplacée et étrange.

- NON!

Un regard surpris et perplexe s'affiche alors sur son visage et je me rends compte que je viens de faire une bêtise. Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler on dit toujours. Ni une ni deux, je m'empresse de rectifier le tir.

- Rheum, c'est pas... enfin je veux dire euh... je suis obligée de venir? Je ne suis pas vraiment rassurée après ce qui m'est arrivé hier.

- Non, vous n'êtes pas obligée de venir mais... je préfèrerais, vous pourriez avoir des ennuis avec le capitaine, et il est particulièrement intransigeant avec les clandestins.

Clandestins? Je ne suis pas une clandestine... Mais jugeant qu'il doit savoir mieux que moi de quoi il parle, je décide, en soupirant intérieurement, d'accepter de le suivre. Malgré ma peur intense et la boule qui vient de se former dans mon estomac. Pourvu que je ne tombe pas dans les pommes une fois arrivée là bas. Résignée, je me lève et lui réponds par l'affirmative.

- D'accord... d'accord, je... je viens avec vous.

Je ne dois pas avoir l'air particulièrement enchantée et je crois qu'il s'en est rendu compte car il se remet à parler tout à coup.

- Vous n'avez rien à craindre, je suis à vos côtés, et même si je n'ai pas la prétention d'être un très bon bagarreur, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous protéger quoi qu'il arrive.

A ces mots je lui souris lentement, plus par amusement que par réel soulagement. Quel preux chevalier!

- Bien, alors allons-y.

Il ouvre ensuite la porte et me fait signe de passer devant lui, puis une fois à l'extérieur il la referme et nous voilà en route pour Fleet Street. Brrrr...


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A la lumière du jour, Londres me parait peu différente de ce que j'ai pu en voir la veille. Le ciel est presque blanc, limite gris, un peu comme si les fumées noires qui s'échappent des cheminées qui se dressent un peu partout au dessus de nos têtes, étaient les responsables de cette salissure. La ruelle dans laquelle nous nous trouvons est étroite et sombre, les murs sont noircis de crasse et de charbon. Le sol est complètement boueux et humide, on dirait qu'il vient de pleuvoir. Je tente en vain d'éviter les flaques les plus profondes, entamant presque un jeu de marelle avec les pavés, quand une horrible odeur d'urine me parvient soudain, agressive, comme si elle avait décidé de m'achever ici et maintenant, et je ne peux m'empêcher de grimacer de façon tout sauf élégante. Je tourne alors la tête vers Anthony qui n'a pas l'air affecté par la puanteur ambiante. Peut-être a-t-il l'habitude... Moi en tout cas, ça me donne envie de vomir. A cette pensée, un rat sorti de nulle part détale entre mes jambes en poussant des couinements stridents et, désagréablement surprise, je me rapproche un peu plus de mon sauveur et protecteur. Nous débouchons enfin sur une espèce de place publique où trône un monument à colonnes grecques... une chapelle sans doute... et où la foule se fait plus dense à mesure que nous avançons. Et sans m'en rendre compte je me suis mise à me cramponner à la veste d'Anthony, apeurée par cette populace pour le moins étrange tout droit sorti d'un vieux roman du XIXe siècle. Les badeaux qui déambulent de ci de là me lancent des regards tantôt intrigués, tantôt méprisants ou tout simplement désintéressés, un peu comme si j'étais le cadet de leurs soucis, visiblement ils ont autre chose à faire qu'à se demander qui je suis... et je leur en suis reconnaissante. Encore quelques rues pavées et boueuses où des commerçants vont et viennent avec leur charettes, des rues où j'aperçois tout à coup en levant les yeux des enseignes pour le moins... intéressantes, pour ne pas dire un autre mot un poil plus vulgaire... et nous arrivons à nouveau dans une ruelle encore plus étroite et plus sombre que la précédente où il nous faut gravir un petit escalier avant d'arriver à une arche sous laquelle nous nous arrêtons. Et en regardant de l'autre côté j'aperçois une boutique nommée, en grosses lettres "Mrs Lovett's" et en tout petit à côté "meat pies". Ca y est, nous y sommes...

Tout en tentant d'éviter de se faire percuter par une voiture emmenée par des chevaux lancés au triple galop, nous traversons la rue et Anthony se met soudain à accélérer le pas, comme si cette affaire qu'il a à régler avec le barbier était d'extrême urgence. Mais au lieu d'emprunter l'entrée principale il se dirige d'un pas assuré vers l'arrière de la boutique et je le suis, lentement, étonnée, inquiète et totalement incertaine... Mon dieu, dans quel pétrin suis-je allée me fourrer? Nous passons à côté d'une fenêtre donnant à l'intérieur de ladite échoppe et je ne peux m'empêcher de jeter un oeil à travers la vitre... Un four, une table de travail couverte de farine et... d'insectes écrasés? Je grimace un peu à cette vue et décide de m'arrêter là pour la description mentale. En tout cas, il n'y a personne derrière cette table. Je me demande où est la gérante... Nous arrivons enfin à un grand escalier extérieur qui mène au premier étage, et je m'arrête là, incapable d'aller plus loin à mesure qu'Anthony le gravit en de grandes enjambées et entre en trombe dans la pièce au son d'une petite cloche qui résonne longtemps encore dans mon esprit comme le son d'un glas venant de très loin. Je ne sais pas pourquoi mais je ne suis pas rassurée du tout, je me sens on ne peut plus mal à l'aise tout à coup... mais quelque chose me pousse à poser le pied droit sur la première marche de l'escalier et à entamer une lente ascension de la chose. J'avale ma salive plutôt bruyamment, pose ma main sur la rambarde et commence à monter en tremblotant de tous mes membres et en concentrant mon regard droit devant moi sur le mur de briques rouges ou marron foncé je ne saurais trop dire, tout ici est tellement terne et sombre, un peu comme si les couleurs avaient passé avec le temps. J'ai l'impression d'être dans un vieux film des années cinquantes qui aurait connu la colorisation, une colorisation maladroite dans le genre aquarelle lugubre. Absorbée par mes pensées je ne me rends pas compte que je viens d'aterrir sur la dernière marche et que je me trouve pile dans la ligne de mire de Lovett qui est à l'intérieur de la pièce dont la porte est grande ouverte. Je ne le vois pas mais, fronçant les sourcils elle s'est rapprochée de Todd qui était en train de discuter avec Anthony et lui a indiqué ma présence, indésirable et suspecte.

Je sors alors de ma transe au moment où j'entends Anthony commencer...

- Elle est venue avec m...

... puis des bruits de pas lents et mesurés se diriger vers moi, faisant fi des paroles du jeune homme, et c'est l'instant que je choisis pour tourner la tête dans cette direction. Surprise et apeurée je sursaute et recule un peu à mesure que je vois le barbier, l'oeil alerte et méfiant, la mine sombre et le visage plus blafard que jamais, continuer d'avancer vers moi en me dévisageant sans vergogne. Je me mets à trembler encore plus violemment, de façon irrésistible, une envie irrépressible de pleurer tout à coup au souvenir de ce visage déjà croisé dans une salle de projection un jour plus tôt. Et à force de reculer je percute la rambarde qui entoure le petit balcon et manque de passer par dessus et d'aller m'écraser en contrebas... ne serait-ce que pour son bras qui attrape soudainement le mien et me plaque contre son côté dans un geste brutal. Secouée par un tremblement incontrolable et complètement tétanisée je ne peux m'empêcher de le fixer dans les yeux, à la recherche d'une trace quelconque de pitié... mais je n'ai pas de chance cette fois là non plus, tout ce que j'y trouve c'est de la sévérité, du reproche, de la froideur et de l'interrogation. Mais sans s'exprimer, il m'emmène fermement à l'intérieur et me conduit vers un fauteuil rouge (la première chose vraiment rouge que j'aperçois dans ce monde) qui trône au milieu de la pièce, fauteuil que je reconnais avec horreur comme étant celui de l'affiche... fauteuil dans lequel il me jette (littéralement) tout à coup au son de la porte qui se ferme dans un grand "vlam! gling gling". Et là j'éclate en sanglots, me souvenant du coup de rasoir que j'ai déjà reçu une fois. Et comme en signe d'autodéfense je me recroqueville, ramenant mes jambes au niveau de ma poitrine et positionnant mes mains en bouclier devant ma tête.

- Non! Ne me faites pas de mal!

Et la voix d'Anthony de répondre, comme en écho...

- Monsieur Todd! Ne lui faites pas de mal, elle est venue avec moi... je lui ai demandé de m'accompagner jusqu'ici.

Je sens la présence du barbier tout près, son souffle froid sur mon bras et son odeur, une odeur à la fois plaisante et inquiétante, et je sais qu'il s'est penché vers moi en s'appuyant sur les accoudoirs pendant qu'Anthony parlait. Aussi je l'entends soudain prononcer ces mots, dans une voix grave, pourtant très agréable à l'oreille mais qui contient ce je ne sais quoi de menaçant...

- Ne refaites jamais ça.

Intriguée par ses paroles je baisse les bras lentement et me mets à soutenir son regard, cerné et d'un rouge très très sombre, presque noir, dans lequel il y a toujours autant de sévérité et d'interrogation mais auquel s'est ajouté une légère, presque indétectable, lueur de... douceur?
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeJeu 24 Sep - 0:21

Chapitre 5


J'avale une nouvelle fois bruyamment ma salive à mesure que son regard sombrement intrigué se dirige doucement vers le haut de mon crâne... et le bonnet qu'Anthony m'a prêté en chemin parce que j'avais froid aux oreilles... et dans lequel j'ai caché mes cheveux... enfin dans lequel j'avais caché mes cheveux, maintenant, ils sont à moitié sortis vu la brutalité avec laquelle le maitre du rasoir m'a jetée dans ce fauteuil. Un petit mouvement de recul me prend au moment où je vois sa main droite quitter l'accoudoir et s'avancer lentement et de façon inquiétante vers le côté gauche de mon visage, où une de mes mèches pendouille.

- Comment fait-on pour Johanna?

Il arrête brusquement son geste et tourne subitement la tête vers Anthony qui vient de reprendre la parole, l'impatience fortement présente dans la voix. Et de manière tout aussi soudaine, Todd se redresse de toute sa hauteur en affichant une mine pensive mais contrariée à la fois... puis se dirige d'un pas mesuré vers le jeune homme en se remettant à parler de sa voix profonde teintée d'obscurité.

- Tu te souviens de ce que je t'ai dit tout à l'heure?

- Oui. Mais je ne comprends pas.

- Nous allons te déguiser en apprenti perruquier, comme ça tu pourras entrer, et l'emmener avec toi.

Je ne vois pas son visage, il me tourne le dos pour faire face à Anthony, mais... je devine qu'une expression conspiratrice doit avoir pris la place de la contrariété, à en juger par le ton qu'il utilise. Je ne comprends absolument rien à ce qui est en train de se passer ni même qui est "Johanna" mais... ce que je sais c'est que le barbier a une idée derrière la tête. Je profite de ce qu'il ne fait plus attention à moi pour le moment pour souffler et tenter de sécher mes larmes de panique, sous le regard insistant et presque moqueur de Lovett dont je sens maintenant la présence à côté de moi, tout en me redressant dans le fauteuil... J'hésite : est-ce que je peux me lever et partir?

C'est à ce moment précis que mon sauveur décide de m'abandonner là en quittant la pièce en courant au son des encouragements dudit barbier.

- Mais que...?!

Une expression de pure horreur inscrite sur le visage, je me relève d'un bond et sens les larmes me piquer les yeux à nouveau. Je viens d'être laissée derrière... pour la seconde fois.

- Allons, allons, tout doux, trésor... il va revenir...

Une main vient de se poser sur mon épaule et la propriétaire de cette main qui n'est autre que Mrs Lovett commence à m'escorter vers le fauteuil où elle me fait rassoir délicatement à mesure que Todd se dirige vers la grande fenêtre qui fait face à la porte... Puis elle s'accroupit à côté de moi en continuant de me parler d'une voix qui se veut rassurante mais qui a plutôt l'effet inverse étant donné son teint très pâle et le creusement de ses joues, limite maladifs .

- Je vais te donner un bon verre de gin et une bonne tourte, hein?

- Non.

Le ton ferme associé au regard déterminé que lui lance le barbier à ce moment là la dissuade d'en rajouter je crois. Elle se relève et le fixe d'un oeil tout aussi cerné que le sien, et dans lequel j'ai l'impression de lire tout à coup... de la peine? Qu'est-ce qui peut bien la peiner? Je secoue la tête et m'apprête à parler quand Todd me fait une espèce de queue de poisson.

- Envoyez-moi le petit.

Elle s'avance alors vers lui et exprime son désaccord sur la chose.

- Monsieur T., vous ne croyez pas qu'il serait temps de...

L'interrompant, comme un cheveu sur la soupe, je tente le tout pour le tout, avec un sourire idiot. Je n'ai absolument pas envie de rester ici avec eux.

- Et moi je peux partir?

Et là je viens de l'énerver, il me lance un regard furieux...

- Non!

... puis le dirige vers Lovett.

- Envoyez-moi le petit!

N'ayant pas du tout l'intention de le mettre en rogne, elle semble se résigner à contrecoeur et hoche la tête de façon presque imperceptible, puis se dirige vers la sortie, sa robe sombre balayant le sol derrière elle d'une élégance macabre, et referme la porte une fois de l'autre côté dans un énième son de clochette. Et me voilà seule avec lui... J'avale ma salive encore une fois dans un de ces brouhaha infernal de bile qui menace de remonter à tout instant. J'ai soudainement envie de vomir... Je détourne les yeux de ceux de Todd qui se sont remis à m'observer sévèrement, et me mets à gesticuler nerveusement, comme si j'avais une envie pressante. Et j'ai effectivement une envie pressante : celle de partir en prenant mes jambes à mon cou. Mais il ne s'avance pas vers moi cette fois... pire encore : il se dirige derrière moi. Je me fige dans mon siège tout à coup et retient même ma respiration à mesure que je l'entends farfouiller dans des tiroirs et manipuler tout un tas de truc dont ce qui me semble être sans le voir une feuille de papier. Qu'est-ce qu'il va faire avec ça? Je tourne alors très lentement la tête vers l'origine du bruit et... je vois le barbier qui écrit... une lettre apparemment. Il écrit une lettre...? Pourquoi? Pour qui? C'est cet instant que choisit la clochette pour résonner à nouveau.

- Monsieur T.?

C'est la voix d'un tout jeune garçon... Je me tourne alors dans cette direction et là dans l'embrasure de la porte se tient en effet un jeune garçon, brun, de quelques années seulement mon cadet, il doit avoir douze ans à peine... Que fait-il ici? Serait-ce le petit dont parlait Todd tout à l'heure? D'où sort-il ce "petit"? Mais je n'ai pas le temps de pousser ma réflexion plus avant que le barbier se remet à parler, sur un ton sec où pas même une pointe de gentillesse ne parait.

- Tu sais où se trouve le Bailli?

- Oh, oui m'sieur. Pas que je...

L'interrompant sur un ton toujours aussi stoïque, le barbier s'empresse d'enchainer et de cacheter sa lettre, comme s'il avait envie de se débarasser de la présence du petit au plus vite.

- Prends ceci et trouve le Juge Turpin. Répète ça. Allez, répète.

Le Juge Turpin? Qui c'est celui là encore? Décidément je ne comprends absolument rien à ce qui se passe ici. Je continue de me gratter la tête mentalement à mesure que le jeune garçon s'avance timidement vers Todd en répétant sagement...

- Aller au Bailli, trouver le Juge Turpin.

Satisfait par la réponse, le barbier reprend en lui tendant la lettre...

- Remets lui ce message en main propre. Ne le remets qu'à lui seul. As-tu compris?

... lettre que le petit attrape alors en commençant à devenir un peu trop bavard... à mon goût. Il est inconscient ce petit.

- Oui m'sieur. Et pendant que je suis dans le coin, est-ce que ça vous dérange si je m'arrête chez l'épicier pour prendre...

Ce qui devait arriver arriva alors. Todd bondit soudain de son endroit devant le miroir et se plante devant le petit en se mettant à le fixer de façon grave et sombre puis se mets à le sermonner sévèrement.

- NON! Tu ne dois pas t'arrêter! Tu ne dois pas parler! Tu dois remettre cette lettre! AS-TU COMPRIS?!

Je me relève brusquement du siège dans lequel j'étais assise, le souffle court, parée à toute éventualité, parée à retenir le fauve si le pire devait se produire... même si je crains également pour ma propre personne en tentant ce genre d'acte héroique. Mais heureusement, rien d'irrémédiable ne se produit et le jeune garçon se contente de hocher la tête et de sortir de la pièce en vitesse, échappant à la correction imminente de Todd. La porte claque une nouvelle fois dans un tintement strident et je me surprends à sursauter au moment où le barbier se détourne de ladite cloison mobile et se dirige vers moi de façon brusque et rapide, en me fixant de son regard noir et enragé par la langue trop pendu du petit. Oh mon dieu, c'est moi qui vais prendre j'ai l'impression. Je recule, apeurée, et me laisse retomber de façon craintive dans le fauteuil sur les accoudoirs duquel le maitre du rasoir s'appuie à nouveau dans un grand bruit menaçant. Puis sans prévenir, et de façon impatiente, il arrache le bonnet qui se trouve sur ma tête et le laisse tomber à terre doucement en se redressant à mesure qu'une cascade de cheveux blonds comme les blés tombe délicatement sur ma nuque... puis sur mes épaules, et enfin sur mes avants bras... dévoilant ainsi ma chevelure dorée, que j'avais cachée en arrivant ici. Je me demande pourquoi il a fait ça. A-t-il une obsession en tant que barbier? Va-t-il me faire la boule à zéro? Je fronce alors les sourcils puis relève la tête vers lui et en le voyant reculer comme il le fait tout à coup, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés, pleins de choc, de confusion, de souffrance, de colère mais aussi de rancoeur, je ne peux m'empêcher de lui demander...

- Qu'est-ce que... qu'est-ce qu'il y a?

Sans vraiment comprendre ma question, il continue de reculer très lentement pendant encore quelques secondes en articulant des sons inaudibles qui le font alors ressembler à un poisson rouge hors de son bocal, et je me dis que j'ai peut-être une chance de m'enfuir. Là... maintenant... tout de suite! Ni une ni deux je me précipite vers la porte et en attrape la poignée dans un léger "gling gling"... aussitôt couvert par un grand "vlam!" provoqué par la main de Todd qui vient de refermer ladite porte dans un geste on ne peut plus brutal.

Oh-oh...
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeJeu 24 Sep - 0:25

Lily... Tu devrais faire un roman avec tout ce que tu a écrit !! : D Tu ferai un malheure ! XD

Jespere que mon message t'encombre pas trop... x))
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeJeu 24 Sep - 11:47

Lol merci!!! Il me reste que deux autres chapitres a poster. Mais je comptaits poster le 6eme chapitre maintenant mais je manque de temps alors sa va etre se soir ou demain soir... Et non tu ne m'encombre pas Razz
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeJeu 24 Sep - 21:44

Bon voila la suite:


Chapitre 6


Ma respiration s'est accélérée à mesure que les battements de mon coeur sont devenus plus forts et plus douloureux et je n'ose tourner la tête vers lui, de peur de croiser son regard de bête enragée. Je reste là à fixer la porte, ou plutôt la main pâle du barbier se trouvant encore sur la porte, et me mets à déglutir répétitivement de façon frénétique, un peu comme si je venais de tomber à court de salive. J'ai la gorge sèche et ma vision se trouble l'espace de quelques instants : oh non pas maintenant... ce n'est vraiment pas le moment de tomber dans les pommes! Mais je n'en ai pas le temps, j'entends soudain sa voix qui résonne à nouveau à quelques centimètres de mon crâne, plus grave et plus menaçante que jamais.

- Qui êtes-vous?

Pourquoi veut-il savoir qui je suis? Tout en tremblotant, je prends mon courage à deux mains et pivote pour lui faire face, timidement, ou plutôt craintivement, sans vraiment relever la tête vers lui mais en lançant des coups d'oeil furtifs vers son visage blafard, puis j'ose lui répondre par une autre question, sur un ton presque plaintif.

- Quelle... quelle importance qui je suis?

J'attends... j'attends qu'il s'énerve mais rien ne vient, les secondes passent et semblent des minutes et tout en se redressant, je l'entends qui reprend soudain... apparemment calme... mais en relevant la tête vers lui je m'aperçois qu'il n'en est rien, au vu de ses yeux obscurs injectés de sang.

- Dites moi quel est votre nom.

Ca n'était pas du tout une question mais plutôt un ordre implicant des représailles en cas d'absence de réponse, aussi je décide d'être raisonnable.

- Lisa.

- Lisa comment?

"Juste Lisa ou Lily.

Et je n'aime pas du tout la grimace qu'il vient de faire là. Clairement, il a pris ça pour une marque de défi, défi qui n'est hélas pas de son goût. Et la colère que j'attendais finit par éclater... malheureusement. Rabattant brusquement ses deux mains sur la porte de chaque côté de ma tête et me faisant sursauter en couinant de terreur par là même, il se met à me hurler dessus.

- LISA COMMENT??

- Lisa tout court, je tolaire le surnom Lily, mais je n'ai jamais eu de nom de famille, je n'ai pas de parents, j'ai été placée dans un orphelinat à ma naissance, je suis passée de famille d'accueil en famille d'accueil et personne n'a jamais voulu de moi.

D'une seule traite. Je me suis aussi mise à pleurer, la frayeur que je ressens face à cet homme devenu un monstre de fureur, étant trop forte pour être contenue. Secouée par des sanglots terrifiés, je continue de pleurnicher à mesure que je vois son teint virer au verdâtre, et qu'il se détourne de moi pour tituber en direction du fauteuil, dans lequel il se laisse enfin tomber, les bras ballants. Profitant de son état de choc intense, j'entreprends alors de me tourner doucement sans faire de bruit vers la porte et au moment où je pose la main sur la poignée pour tenter de m'enfuir à toutes jambes il se met à chanter... gravement... et très lentement...

- And are you beautiful and pale, with yellow hair, like her?
I'd want you beautiful and pale, the way I've dreamed you were,
Johanna...


Je me suis à nouveau tournée vers lui en reniflant nerveusement, et en essayant en vain de ravaler les quelques larmes de terreur qui menacent encore de jaillir. Juste à temps pour l'entendre marmonner, de façon absente...

- Je n'avais pas assez d'une Johanna qui revienne me hanter... en voilà une deuxième.

Et là j'avoue ne pas comprendre ce qu'il raconte. Comment ça une deuxième Johanna? Je m'avance alors timidement vers lui et m'apprête à lui poser la question... une question somme toute assez simple... mais je n'ai le temps de murmurer que le mot...

- Que...

... qu'il me rembarre déjà, d'une voix à peine audible.

- Dehors.

N'ayant d'abord pas très bien compris, je continue d'avancer en reprenant...

- Que vou...

... mais sa réaction est la même, excepté le ton un peu plus élevé.

- Dehors!

N'écoutant que mon inconscience je reste plantée là à le fixer d'un air interrogateur, ce qui ne lui plait absolument pas et il me le fait bien comprendre en se levant soudain d'un bond et en me fixant d'un air de tueur, les prunelles jetant des rasoirs dans ma direction.

- DEHORS!!

Il ne m'en faut alors pas plus pour prendre mes jambes à mon coup. Je recule précipitamment et manque de trébucher avant d'ouvrir la porte hativement, au son des clochettes qui détonnent sérieusement dans cet univers glauque et malsain, et de courir au dehors en refermant ladite porte dans un grand fracas.

A bout de souffle, je me précipite en bas des escaliers afin de m'échapper au plus vite quand je tombe droit dans les bras de Lovett qui a l'air alarmée.

- Qu'est-ce que c'était ce cri?! Que s'est-il passé encore?!

Je n'ai pas le temps de lui répondre que je tourne déjà de l'oeil, complètement traumatisée par ce face à face on ne peut plus terrifiant.

- Hé! Hého! Trésor, tu m'entends?!

Et devant mon absence de réponse, elle soupire alors, un poil agacée par la situation...

- Tous des grandes chiffes molles!

... et s'empresse de m'attraper par dessous les épaules pour me trainer à travers la boutique et jusque dans son salon, où elle m'allonge sur le divan et me laisse ensuite seule pour aller s'assurer que tout va bien au premier.

Fort heureusement lorsque je me réveille quelques minutes à peine plus tard, je suis seule dans la pièce... et sans prendre la peine de me poser la question du "où suis-je?" je décide de me lever et de m'enfuir de cet endroit, de m'enfuir le plus vite possible, sans fermer les portes, sans me retourner... sans même savoir où je vais d'ailleurs, mais je continue de courir dans les rues pavées et boueuses de Londres quand même, peu importe où je vais, pourvu que ce soit loin d'ici!
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeJeu 24 Sep - 22:11

Attention, dans ce chapitre, il y a des points de vues de Lisa et de Sweeney.

Chapitre 7


Point de vue de Todd

Je tremble. De rage. D'incompréhension. D'injustice. Je serre les dents et me dirige vers la grande fenêtre. D'une raideur de mort, je fais les cents pas. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Alors que mon but est si proche! Ne plus y penser. Me concentrer. Le juge. Le juge. Et ma vengeance! Gauche. Droite. Gauche. La nuit tombe. Ce ne sera plus très long. Mais qui est cette fille? Que fait-elle ici? ... et ses cheveux dorés...

.

Point de vue de Lisa

Je tremble de peur, de panique et d'effroi et je serre les poings à mesure que je continue de courir à travers les rues maladroitement pavées de Londres. Ma respiration est haletante et je sens une douleur se former dans ma poitrine. Pourquoi? Pourquoi moi? Je n'avais rien demandé à personne! Pourquoi m'a-t-on envoyée ici? Je sens les larmes me piquer les yeux et je me mords l'intérieur de la joue pour les ravaler. Ne pas me laisser abattre et m'accrocher. Je vais bien finir par trouver de l'aide. Si au moins Anthony ne m'avait pas laissée! La nuit vient de tomber amenant avec elle son brouillard épais et froid. Je peux maintenant voir mon souffle court se matérialiser dans l'air, petite brume éphémère qui tente de survivre une fois dehors. « Un peu comme moi », je me surprends à penser.

Je ne sais pas où je suis et je ne distingue pas grand chose dans cette demi-pénombre. Aussi je fonce soudain droit dans les bras d'un promeneur nocturne. M'attrapant au vol, il s'adresse alors à moi, dans un murmure très grave...

- Où courez-vous donc comme ça mon enfant?

Je pousse un petit cri d'effroi et lève la tête vers l'homme qui me tient fermement les deux bras. Des cheveux gris un peu en bataille. Une légère barbe de quelques jours, grise également. Un air bourgeois et méprisant. Clairement un homme haut placé...

Je déglutis mais ne réponds pas, m'attendant à un quelconque coup du sort. Je cherchais de l'aide mais aussi bizarre que ça puisse être, je n'ai pas l'impression d'en avoir trouvé...

.

Point de vue de Todd

La porte s'ouvre. C'est Mrs. Lovett.

- Qu'y a-t-il?

Elle ne répond pas. Elle me lance un regard triste. Désolé. Elle m'invite à la suivre. Ce que je fais sans poser de question. Nous entamons la descente des escaliers. Elle s'explique enfin.

- C'est la jeune fille que le petit a amené avec lui. Vous lui avez visiblement fait très peur, elle a paniqué et est tombée dans les vappes. Je l'ai laissée au salon, mais si elle s'enfuit elle ira tout droit à la police.

- Elle ne s'échappera pas.

Pas si je peux l'en empêcher. Il ne faut pas qu'elle s'échappe. Pas maintenant. Ce n'est pas le moment. Pas si proche du but. Je ne peux me le permettre. Je refuse d'échouer! Nous arrivons en bas des marches.

- Je ne sais pas, Mr Todd!

Elle n'est pas sûre. Pas sûre de le vouloir. Ça ne fait rien. Je suis sûr pour deux. Et puis...

- Le juge sera bientôt là.

Le but à atteindre. Coûte que coûte. Rien ne se mettra en travers de mon chemin. La porte s'ouvre brusquement. C'est le bailli Bamford! Lovett sursaute et pousse un petit cri étouffé. Elle se justifie bien vite.

- Oh pardon. Vous m'avez fait peur.

- C'était involontaire, je vous assure, bien que ma visite soit officielle. On a reçu des plaintes concernant la puanteur de votre cheminée. Ils disent que la nuit c'est une infection.

Des soupçons. Encore. C'est maintenant ou jamais. Je laisse glisser mes yeux vers la gorge opulente du bailli. La tentation me prend. Le faire taire! Ne plus jamais entendre cette voix mielleuse. Nasale. Elle me donne la migraine et accroit ma folie!

- Je crains qu'il ne me faille aller jeter un oeil...

Il éternue. Grossièrement. Quelle ironie pour un bourgeois comme lui!

- ... à vos fourneaux.

Il sourit. D'un air niais. Lovett me regarde du coin de l'œil. Elle est inquiète. Mais c'est inutile. Je sais ce que j'ai à faire. Je souris à mon tour. Avec hypocrisie et délectation. Lorgnant toujours son cou, je lui lance une invitation.

- Bien sûr. Mais pourquoi ne pas monter que je vous bichonne un peu d'abord?

Il hésite. Grimace. Il se demande ce que je lui veux réellement. Mais il n'y coupera pas. Personne n'y coupe!

- Sans déprécier votre amabilité, je dois d'abord accomplir ma mission.

Il tente de s'enfuir. Je le rattrape. Le retiens. Une main posée sur son omoplate, je continue de lui sourire. Amicalement.

- Je comprends parfaitement.

Puis je le renifle, avec insistance. Il grimace, une fois de plus. Il se demande ce que je fabrique. Il me trouve louche, je le sais. Ça ne durera pas. Ça ne dure jamais. On en paye toujours les conséquences! Je prends un air mystérieusement intéressé. J'entreprends de l'endormir.

- Veuillez excuser ma curiosité, monsieur... quelle est cette senteur exotique?

Sans me tourner vers elle, j'entends le léger sourire de Lovett. Elle sait où je veux en venir. Ce qui va se passer. Contrairement au bailli. Soudain sa méfiance se transforme en vanité. Il aime qu'on s'intéresse à lui. Je m'en doutais.

- Mon secret. Une pointe d'ambre gris.

Cet air suffisant! Il l'aura mérité. Ils le méritent tous! Mais je ne laisse rien paraître et continue sur ma lancée.

- Oserais-je proposer quelque chose de plus approprié à un gentleman tel que vous?

Il hésite encore. Il aimerait s'en retourner à son devoir. Mais il n'y retournera pas. Je ne le veux pas. J'abats ma dernière carte.

- Les dames l'apprécieront pleinement, monsieur.

Il se tourne à nouveau vers moi et me regarde fixement. Tout à coup captivé. Je le savais! Son point faible. Tout comme celui de son maître. Ils le paieront! Très cher!

- Oui, c'est vous l'expert dans ce domaine.

- Ça ne prendra qu'un moment.

Un tout petit moment. Sous l'œil amusé de Lovett, je l'oriente vers les escaliers. Il les emprunte. Endormi. Ne se doutant plus de rien. Je le suis de près et jubile intérieurement. C'était si facile... Presque trop facile. Mais soit.

- Un peu de rhum monsieur?

- Oui, le rhum est très vivifiant.

Nous finissons de gravir les marches. Je fixe l'arrière de son crâne. Intensément. J'apprécie déjà la suite sans l'avoir vécue encore. J'adore ça!

.

Point de vue de Lisa

- Marchez avec moi, mon enfant.

L'inconnu m'attrape par la hanche et me conduit de force dans la même direction que lui. Je le fixe avec un air apeuré et interrogateur, incapable de m'enfuir. Que peut-il bien me vouloir?

- Je ne sais ce qui vous a conduit dans mes bras mais, assurément cette rencontre ne peut être fortuite. Dites-moi, comment vous nommez-vous?

- L... Lisa...

Pourquoi? Ai-je envie d'ajouter. Mais pour une raison que j'ignore, les mots à peine formés dans ma bouche meurent sur mes lèvres. J'aimerais lui demander qui il est mais je n'y arrive pas. J'ai froid, j'ai peur et je suis complètement pétrifiée. Tout ce que je peux faire c'est continuer de marcher, sa main agrippée à ma hanche, comme une serre de vautour. J'ai l'impression d'être prise au piège, jeune, perdue et sans défense... Soupçonnant mon questionnement interne il s'empresse d'y répondre tout à coup.

- Veuillez excuser mon impolitesse, j'oubliais de me présenter. Je suis le Juge Turpin. Vous êtes en sécurité avec moi.

J'écarquille les yeux et retiens un cri étouffé. Turpin! La lettre de Todd! Il... il... se rend chez le barbier! Je regarde autour de moi et constate. Nous nous dirigeons en effet vers Fleet Street. Je peux à nouveau voir et sentir d'ici la fumée nauséabonde qui s'élève dans les airs et cette noirceur si particulière... comme d'un abîme sans fond. Paniquée à l'idée d'y retourner je commence alors à me débattre.

- Allons, allons! Que vous arrive-t-il ma chère enfant? Restez tranquille, vous ne craignez rien avec moi.

Cela dit j'en doute. N'ayant pas l'intention de me laisser partir, sa main agrippe plus fermement encore ma hanche et je ne peux m'empêcher de grimacer de douleur. Ouch! Mais je n'en arrête pas pour autant de me débattre, bien décidé à ne pas retourner dans cette bouche des enfers! Prenant mon courage à deux mains, je me mets enfin à protester.

- Lâchez-moi!! Qu'allez-vous faire de moi?! Où comptez-vous m'emmener comme ça?!

Il ne répond pas. Mais son silence est encore plus terrible que des mots. Je suis vraiment dans une sale situation. Il faut à tout prix que je me sorte de là. Je continue alors de gesticuler comme un beau diable, en priant pour une quelconque lueur d'espoir, quand tout à coup, la panique et la colère aidant, je ne peux retenir mon pied d'aller écraser le sien violemment, le faisant hurler de douleur.

- Agh!!!

Sa main quitte aussitôt ma hanche. Mais je ne suis pas assez rapide et je n'ai pas le temps de m'enfuir à toute jambe que je reçois bien vite une gifle, d'un revers cinglant. Je suis instantanément projetée au sol, et m'éclate le nez et la lèvre du haut une fois encore sur le pavé boueux et malodorant.

- Sont-ce là des façons de remercier son sauveur? Je crains qu'il ne me faille vous apprendre les bonnes manières jeune fille.

Tremblotant, je me tourne douloureusement vers lui et le fixe avec un regard de terreur à mesure que je le vois fondre sur moi tel un oiseau de proie.


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Bon je pense a faire une suite, mais pour le moment je suis plutot occuper ailleure... J'aimerais avoir vos avis pour le moment Razz Razz Razz Razz Razz
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitimeVen 25 Sep - 1:51

C'est super interressent ! Very Happy Continu commeuh sa s'esssst fantastique !!! Razz Razz
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MessageSujet: Re: Salvation   Salvation Icon_minitime

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